• Les sentiments



    Trois semaines se sont écoulés depuis, l’hiver arriva tellement vite. La neige recouvrait tout le jardin de l’hôpital ainsi que les lieux environnants. Depuis qu’il est partit, je me suis considérablement rapprochée de mes parents comme jamais auparavant. C’est comme si on se redécouvrait, comme si on recommençait à zéro. Ils restèrent avec moi chaque jour qui suit allant même jusqu’à proposer de veiller sur moi, ceux sur quoi j’étais contre car je voulais qu’ils se reposent mais aussi afin de continuer de sauver des gens dans le secret. J’ai pu parler à ma mère de Beth et j’ai même eu l’occasion de mentionner mon amitié avec…lui…depuis un moment, j’évite de dire son prénom car cela m’était de plus en plus douloureux. J’avais un manque, un vide au fond de moi…à la fois terrible et angoissant. Il ne me quittait pas…

    Je suis condamnée…voilà la vérité et je suis incapable de l’annoncer à Beth ou encore à…Je retins mon souffle, mon front tremblant contre la paroi de la vitre de la salle d’attente.

    _ «  Alisea? Nous y allons ton père et moi. Tu es sûr que tu ne veux rien?…tu ne veux pas qu’on reste avec toi ce soir? s’enquit ma mère, anxieuse, son manteau sur son avant bras suivi par mon père pensif.

    _ C’est pas la peine, maman! Je vais bien! Vous pouvez y aller sans crainte…je ne compte pas partir dans la nuit…j’ai…j’ai fait une promesse et je me battrais. Ne vous inquiétez pas! rassurai-je, toujours le nez collé à la vitre glacée.

    _ Les parents ne pourront jamais être totalement rassurer ma chérie mais soit…s’il y a néanmoins un soucis, appelle-nous. On t’aime ». murmura mon père en allant déposer un baiser sur mon front légèrement incliné vers eux suivi par un câlin maternel puis ils partirent.

    Demain c’est la veille de noël…

    Pendant cette période, les horaires ont changé à peu de choses près pour les visites...avant c’était jusqu’à 20h et là c’est jusqu’à 19h30. Je me remis à contempler le paysage enneigé et on voyait qu’une averse faisait rage.

    *

    *               *

    Il pleuvait à flots quand quelqu’un sortit d’un taxi, en tentant tant bien que mal de cacher cette averse avec son bras. Il traversa la route pour rejoindre de l’autre côté l’hôpital. Légèrement essoufflé et trempé des pieds à la tête, il s’arrêta un instant à l’entrée et secoua son manteau marron d’où était posé de nombreuses gouttelettes tel des cristaux. Il essuya d’une main son visage quelque peu mouillé et leva les yeux vers la porte d’entrée. Il se figea…Il vit avec malheur les modifications d’horaires et resta immobile devant, consterné et abattu. Le vieux Jim était seul au rez de chaussée dans la semi pénombre à entretenir le sol quand il le vit, pensif à côté d’une tempête incroyable. Edward l’aperçut et sembla hésiter…Jim s’approcha de plus près et reconnut le fameux jeune homme qui était souvent avec Alisea. Cela faisait un bon moment qu’il n’était pas venu…Il était probablement revenu pour la voir et n’avait eu aucun vent des changements d’horaires…il fut pris au dépourvu. Le voyant ainsi, il compatit et pensa que pour une fois, il pouvait faire une exception à la règle. Cela faisait déjà 10 ans de bons vieux et loyaux service dans cet hôpital et n’a jamais eu à dérober à la règle jusqu’à maintenant…mais pour lui, il était évident que ce garçon devait rentrer afin de la voir. A cet instant, Charlie passa en coup vents quand il vit le vieil homme regardait Edward, les yeux fermés par la lassitude et le front contre la porte de l’accueil. Il s’avança vers Jim et celui-ci le fixa d’un air contrit. L’interne soupira et suivit de Jim, alla à l’encontre d’Edward.

    *

    *               *

     Je finis par m’arracher à la contemplation de l’extérieur et je me mis à m’asseoir les jambes croisés sur un banc, seule face à d’impressionnantes machines lumineuses. Il n’y avait pas un chat, c’était le silence radar. La musique de fond était toujours présente, ne sachant que faire je prêtais attention à la douce mélodie et aux paroles…

    «  Je pense à lui ce soir, la solitude est venue me voir…

    Si mon amour a tort, est-ce que mon âme aimera encore?

    Car il est celui…il est l’homme sans qui, tout s’éteint dans mon corps… ».

    Mes yeux commencèrent à picoter péniblement, je sentais venir mon désarroi, ma vulnérabilité…

    «  …Je donnerais ma vie, mes jours, pour une nuit

    Je lui donnerais mes rêves, pour ses lèvres sur mes lèvres… ».

    Les larmes glissèrent une après une, connectée à cette chanson.

    « …Je risquerais mon âme, mes espoirs et j’épuiserais mes larmes…

    Je donnerais toute ma vie, pour qu’il m’aime une nuit… ».

    Les larmes apparaissèrent de plus belle et je me mis à sangloter, tremblante.

    Edward…Edward…Edward…Edward…avais-je en tête, le visage en pleurs. J’entourai mes genoux de mes mains et je me mis à me balancer pour calmer ma douleur à nouveau béante. La chose apparut à moi comme une évidence…j’étais irrémédiablement et immanquablement tombé amoureuse de lui.

    «  …J’ai vu dans son regard, imaginé le début d’une histoire… ».

    Je reniflais discrètement et j’essuyais avec ma manche mes yeux humides. Edward arriva à cet instant et me vit écoutant cette musique. Me voyant pleurer, il chercha à savoir ce qui avait provoqué cela quand il prêta à son tour attention à la chanson.

    « …Je ressens sa présence, près de moi, effaçant les distances

    Car il est celui, il est l’homme sans qui, tout s’éteint et s‘enfuit…

    Je donnerais ma vie, mes jours, pour une nuit

    Je lui donnerai mes rêves, pour ses lèvres sur mes lèvres…

    Je risquerais mon âme, mes espoirs et j’épuiserais mes larmes

    Je donnerais toute ma vie, pour qu’il m’aime une nuit… ».

    Il secoua légèrement sa tête, chassant probablement des pensées inconscientes. Subitement, je me figeais proie à un rêve identique à celui-ci où j’étais seule dans la salle d’attente à l’attendre tout en écoutant de la musique. Et ce beau soir, il réapparaissait à côté de moi. Cette ombre à 5 mètres de moi n’était qu’une illusion…cette impression familière aussi n’était que tromperie… pourtant cela avait l’air si vrai que je me laissais à croire qu’il était juste là, près de moi.

    _ «  Alisea? » me murmura-t-il au loin, d’une voix grave.

    Accroche toi à ce rêve, Alisea!

    Je levais les yeux lentement pour les poser sur ses prunelles grises. Il était diffèrent du rêve, il était trempé mais ce côté était terriblement séduisant.

    _ «  Tu vois, je suis toujours là. Je t’ai dit que je t’attendrais… » disais-je en lui souriant tendrement.

    Son visage sérieux s’anima soudain et l’ombre d’un sourire apparut sur sa bouche. Un sourire craquant…des lèvres si douces, si tentantes…exactement comme dans mon rêve. Il avança lentement et sachant par quoi finit mon doux rêve, je le pris de vitesse. Je me levais puis je courais vers lui pour sauter dans ses bras chauds et rassurants, mes mains autour de sa nuque. En me réfugiant contre lui, j’avais l’impression que c’était réel…ce qui un instant me dérouta. Il répondit en m ‘enlaçant passionnément et posa son regard tendre sur le mien. Mes illusions s’envolèrent d’un coup, mes désirs inconscients refirent surface et dans un élan mon corps réagit à la place de ma raison.  Mon corps frissonna de désir et de volupté entouré de ses bras quand je me penchai vers ses lèvres pour les effleurer puis les goûter avec fièvre. Mes lèvres collés aux siennes, mes mains agrippés à ses cheveux, j’entamai un lent ballet entre nos deux langues, entrecoupés par le rythme saccadé de notre souffle. Cette sensation était étrange…ce n’était pas comme dans mon rêve…il y avait quelque chose de plus que je ne saurais définir. Edward m’embrassait à perdre à l’haleine de quoi perdre la raison et me souleva légèrement…ça n’en finissait pas!!!! Alors que dans mon rêve, cela n’avait pas été aussi loin. Me serais-je trompée???

    Tendrement mais doucement, je ralentis la pression de mes lèvres sur les siennes et il le sentit. Il s’arrêta les yeux fiévreux et posa lentement ses mains sur mes deux joues. Le contact froid et humide me fit réagir…cela n’avait rien d’un fichu rêve, bon dieu!

    « _ Ce n’est pas un rêve c’est ça? demandai-je, malgré moi.

    _ Non… » me chuchota-t-il, en caressant lentement mon dos.

    Il me serra afin de me faire comprendre qu’il était bien réel ce qui me faisait rougir énormément. D’un doigt, il effleura le contour de mes lèvres et de mon visage.

    _ «  Je suis bien là…tu pensais rêver? Je t’ai pourtant promis que je reviendrais et je suis revenu.

    _ Euh…( paumée ).

    _ Tu as vraiment cru être dans un rêve? ( surpris ) Alors ce baiser…?

    _ J’ai beaucoup rêvé de ton retour…mais jamais je n’aurais agi ainsi si j’avais deviné que tu étais vraiment là. avouai-je, embarrassée.

    _ Tu veux dire…que tu préfèrerais m’embrasser dans tes rêves plutôt que dans la réalité? s’enquit-il, intrigué, les yeux braqués sur moi.

    _ Euh…eh bien… » commençai-je en le scrutant, hésitante.

    Je n’eus pas le temps d’émettre quelque chose qu’il reprit délicatement mes lèvres. Il réussit à m’arracher un soupir haletant et me fixa d’un œil diffèrent.

    _ «  Edward…je…( perdue )…on ne peut pas…tu es mon meilleur ami…jamais je ne veux perdre notre amitié…bredouillai-je, en regardant mes pieds.

    _ Alors c’est ça…( pensif )…tu as peur…tu veux qu’on reste amis à jamais. Cela semble bien long… après tout ce temps, j’y ai beaucoup songé…

    _ Non, Edward! suppliai-je, les yeux fermés.

    _ …Je pensais me contenter d’être un ami pour toi mais je me dois d’avouer qu’une part de moi, voulez plus que ça. Pourquoi n’as-tu pas quitté un seul instant mes pensées?? Pourquoi ce vide loin de toi? Pourquoi je me sens si mal si impuissant face à toi? J’ai peur…de perdre ce qu’il y a de plus vital pour moi. J’ai peur de perdre pour l’éternité celle qui m’est enfin destinée…j’ai peur de te perdre, Alisea.

    _ Tu ne sais pas ce que tu dis…On n’a pas d’avenir, Edward. Je risque probablement de passer ma vie dans cet hôpital et tu vis à l’autre bout de la terre. pleurai-je, en me cachant de mes mains.

    _ Tu es toute ma vie…et ça ni les océans ni les continents n’y changeront rien. Je t’ai tellement attendu, Alisea…laisse moi entrer dans ta vie! dit-il en me prenant par les épaules, désespérément.

    _ J’ai tant souhaité cet instant si tu savais…mais je ne peux…t’infliger d’avantage de peine. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi…lui murmurai-je, tremblante.

    _ Tous ce qui compte pour moi c’est toi! Je serais fort pour nous deux, je t’aimerais jusqu’à mon dernier souffle…

    _ Moi aussi…confessai-je, en larmes.

    _ Alisea…Alisea…( me serrant contre lui douloureusement ) reste près de moi. Laisse moi te protéger, t’aimer et m’occuper de toi. »

    Sentant ma force faiblir, je finis par capituler à sa déclaration toujours en pleurant contre son manteau en cuir marron. Il m’encercla et chuchota à mon oreille des mots tendres tout en prenant l’initiative de me porter dans ses bras et de m’amener dans ma chambre.

    *

    *              *

     Quelques minutes après, j’étais dans mon lit, il s’allongea à mon côté lui ayant laisser de la place et il prit ma main tendrement qu’il ne quitta pas. Il était contre moi, effleurant inlassablement ma main avec douceur…tout en continuant il m’embrassa au front pour m’apaiser. Je me sentais si bien avec lui, j’avais à nouveau l’impression de renaître, d’être invincible…de déplacer des montagnes pour la personne que j’aime. Il remarqua mon regard et me sourit en coin, tout en jouant doucement de ses doigts avec les miens…ça devenait presque fascinant à contempler. Oui je l’aimais malgré tout…je ne peux plus le nier à présent.

    _ «  Pourquoi es-tu revenu maintenant? Demain c’est la veille de noël, tu devrais être avec ta famille! annonçai-je, lasse.

    _ Parce que ces 3 semaines ont été trop longues pour moi. J’avais par-dessus tout envie de te revoir. Je suis rentré pour régler certaines choses vu que mes parents avaient besoin de moi mais maintenant que c’est fait…ma priorité c’est toi. C’est avec toi que je veux être…mes parents ne m’en veulent pas…ils comprennent, ils doivent avoir deviner à la façon dont je leur ai parlé de toi que tu comptais pour moi. répondit-il en caressant de son autre main mes cheveux.

    _ …Mais…( pensive )…Comment as-tu pu entrer? Les visites ont été modifiées donc c’était fermé, non??

    _ …Oui, en effet. ( renfrogné ) Heureusement que Jim et Charlie ont eu pitié de moi dehors sous une pluie battante. lança-t-il, en riant doucement.

    _ Oh…je suis désolée. Tu as eu beaucoup de chance de tomber sur des gens qui m’aiment bien.

    _ Oui…je sais. » dit-il d’un air contrit ce qui me fit rire.

    Ce léger rire sortant du cœur eut une drôle de résonnance pour Edward. Il me dévisagea surpris…c’était la première fois que je riais avec une telle insouciance. Jusqu’à maintenant mes rires étaient limités…Me voir rire le rendit plus heureux car il emprisonna ma main enlacée à la sienne pour la porter délicatement à ses lèvres et l’effleura tel un souffle. Ce geste si attentionné m’émut plus que je ne saurais le penser.

    _ «  Je t’aime… » échappai-je, dans un murmure.

    A ces mots, ses yeux rivèrent vers moi, tendres. Il quitta ma main pour la poser sur ma joue et se pencha pour m’embrasser amoureusement.

    _ « …Je t’aime, Alisea ».

    Je le contemplais avec un plaisir immense ce qui lui arracha un rire légèrement joyeux.

    _ «  C’est officiel!!! s’écria-t-il, les yeux malicieux.

    _ Quoi?? m’enquis-je, distraitement tandis que je caressais lentement son avant bras, émerveillée.

    _ …Je suis ton petit ami! » dit-il, en souriant.

    Je le poussais gentiment poussant un soupir exaspéré, il me prit un peu plus dans ses bras et nous rîmes tous les deux de bon cœur comme des gosses, complices.

    *

    *               *

     Ce soir là, je dormis pour la première fois avec lui…enfin…que je dormais avec un garçon…qui était d’autant plus mon petit ami. Passer toute la nuit bercée dans ses bras fut une expérience inouïe pour moi. Je me sentais tellement en sécurité que j’avais abandonné l’idée pour aujourd’hui de sauver des gens. Je voulais profiter de chaque instants auprès de lui jusqu’à la fin… Par la suite le lendemain matin, Edward fit la connaissance de mes parents. Ceux-ci furent ravis de le connaître et s’intéressèrent beaucoup à lui. Brusquement, un passage de cette scène me revint en mémoire.

    * Flash Back *

     Edward parlait à mon père dans le couloir tandis que moi je les observais de la porte de ma chambre dans une conversation animée. Ma mère se rapprocha de moi et me sourit.

    _ «  Alors voici ton fameux ami… il est charmant. lança ma mère, pour faire la conversation.

    _ Euh…il est plus qu‘un ami, maman…répondis-je, en le regardant.

    _ Ton père et moi nous ne sommes pas fous ( non sans humour ) …nous l’avons remarqué. Il semble beaucoup être attacher à toi. Est-ce qu’il sait pour toi? » demanda-t-elle, en me guettant.

    Quelque chose sur mon visage a dû me trahir probablement mon air pincé qui lui arracha une exclamation étouffée.

    _ «  Il n’est pas au courant???

    _ Je n’ai pas eu le courage de lui dire quand il est partit ainsi qu’à Beth et maintenant il est revenu pour moi…je ne veux pas lui faire de la peine alors qu’il vient d’arriver. Je t’en prie…promets moi que ni papa ni toi, ne révèlerez à Edward que les choses se sont aggravés pour moi. J’en ai conscience, je sais que je dois le lui dire…j’attends le bon moment…

    _ Plus tu attendras, plus tu reculeras l’échéance, plus se sera dur pour lui. Ton père et moi savons à quoi nous attendre mais jamais on pourra accepter ta mort…normalement les enfants n’ont pas à mourir avant leurs parents.

    _ Maman ( triste )…c’est dur mais je compte le lui dire moi-même et je lui dirais même si cela va m’en coûter. » avouai-je, péniblement en le fixant à nouveau souriant aimablement à mon père.

    _ Je prie pour un miracle! » murmura ma mère en me serrant d’un bras contre elle.

    * Fin du Flash Back *

     J’étais dans mes pensées puis je finis par sortir de ma torpeur pour chercher des yeux l’être aimé. Celui-ci m’observait depuis un moment, plantée au milieu de la salle d’attente. On a passé toute la journée avec mes parents et on a eu droit à un dîner digne de ce nom pour une veille de noël…suivi par des bombardements de flash. Depuis peu ils étaient partit, Edward avait proposé poliment de les raccompagner pour moi malgré leur contestation. J’avais remarqué combien ils l’appréciaient, qu’ils le considéraient comme un membre à part de la famille. En l’attendant, j’avais repensé à tous ce qui c’était passé jusqu’à maintenant dont la discussion sensible avec ma mère.

    Et là, le voyant me regarder d’un air peiné, il déclencha en moi un excès de tendresse et d’anxiété.

    _ «  Edward? Est-ce que ça va?? Tu as l’air tracassé? m’inquiétai-je, un point sur le cœur.

    _ Je viens de remarquer que quand je m’éloignais de toi…ton aura jaune faiblissait par rapport à l’autre noir. Quand je suis à ton côté, elle est à égalité avec cette autre aura… » répondit-il, immobile et ailleurs.

    Il était à 5 mètres de moi, à une distance trop longue pour moi que je la franchissais à l‘instant même.

    Je me lovais dans ses bras afin de lui apporter réconfort et afin d’apaiser son tourment.

    _ «  Alors ne me quitte pas! Tu m’as promis! annonçai-je, en lui souriant.

    _ Je ne risque pas de l’oublier, mon ange. me dit-il, en me caressant la joue.

    _ Il pleut encore aujourd’hui incroyable!! De la pluie lors d‘un hiver enneigé…tout bonnement étrange non? commentai-je soudain, le regard rivé sur la baie vitrée.

    _ Oui… » fit-il, distrait tout en m’entraînant sur l’une des banquettes avec lui.

    Je me retrouvais assise sur ses genoux et on s’enlaça amoureusement.

    _ «  Je ne t‘ai même pas offert de cadeau de noël…soupira-t-il légèrement.

    _ Si, je l’ai eu! Il est là…ton retour et ta présence à mes côtés est le plus beau cadeau qu’on m’est fait…

    _ Oh…( souriant ) tu es aussi mon plus beau cadeau de noël, Alisea. Tu es tout ce dont je pouvais rêver!

    _ …tu es le petit ami dont j’ai toujours voulu…pour la première fois, je me sens…femme. confessai-je en le regardant droit dans les yeux.

    _ Tu veux dire…quoi par là? Que tu n’as jamais eu de petit ami? Que je suis le premier? dit-il, surpris.

    _ …oui.

    _ Bon sang c’est impossible!! Ils sont aveugles ou quoi! s’écria-t-il, ébahis en faisant référence à la population masculine.

    _ Euh…c’est tout moi! Je suis peut être trop spécial pour eux.

    _ Oui, tu l’es et pas qu’un peu! ( rires ) Mais ça n’a rien de gênant…j’aime ce côté-là chez toi…Tu ne sais pas à quel point ce que tu viens de me dire, me rend heureux.

    _ Heureux?

    _ Oui…ça veut dire qu’aucun garçon ne t’a effleuré, embrassé, aimé à part moi…que je suis l’unique…celui que tu as choisi. Je suis celui qui a obtenu ton cœur…et toi, le mien. annonça-t-il, en posant son front fiévreux contre le mien.

    _ Tu es celui qu’il me faut, Edward depuis longtemps. Je sais qu’à présent ma vie n’a pas de sens si tu n’es plus près de moi. Tu es ma source de vie…mon oxygène. Loin de toi, tout n’est que ténèbres et je suffoque.

    _ Accroche toi à moi, mon ange protecteur. Tout ira bien si nous restons ensemble. »

    On se serra plus étroitement l’un contre l’autre et on échangea un long et tendre baiser.

    *

    *             *

     Le jour de noël fut plutôt calme…mes parents avaient prévu de passer en fin d’après midi me voir pensant que j’aimerais être seule avec Edward. C’était vrai en quelque sorte…je veux être avec lui, seulement avec lui. On se promena pour la première fois dans le grand et spacieux jardin de l’hôpital Saint Juste. Emmitouflée d’un parka de fortune et d’une écharpe de couleur mauve, je me baladais main dans la main avec lui sur une neige poudreuse. La neige avait reprit et le souvenir de la pluie de la veille ne laissa qu’une légère trace sur les nombreux bosquets en fleurs qui embaumait les lieux. Nos pas lents et synchrones laissèrent derrière nous la marque de notre passage. Amusée, je souris enchantée par ce cadre idyllique…je me sentais libre de toute oppression. Des flocons de neige tombèrent sur nos têtes et Edward ria légèrement à mon expression ravie. Il avait troqué son blouson en daim marron pour un parka gris et enfonça ses mains dans ses poches quand je me détachais de lui pour virevolter autour de moi un peu plus loin, la tête levée vers le ciel. Ce spectacle rendit Edward très heureux tandis que des petits flocons s’éparpillèrent sur mes cheveux bruns, sur mes joues, sur mon front. A cet instant, il me regarda avec adoration sous le charme de cette apparition féerique.

    _ «  Tellement belle…on dirait un ange descendu du ciel. pensa-t-il fondant littéralement à la vue de mon visage paisible levait vers le ciel et les mains en l’air sentant la neige se déposaient dessus.

    _ Edward! interpellai-je, celui-ci sortit de ses pensées.

    _ Qu’il-y-a-t-il?

    _ Viens!…, fis-je d’un signe de la main et il me suivit jusqu’en dessous d’un saule pleureur vêtu d’un manteau blanc.

    _ Oui…je suis là. dit-il d’un air content.

    _ Je voudrais graver cet instant toute ma vie. Je suis si heureuse d’être avec toi, si heureuse d’être libre…J’ai envie de danser…je n’ai jamais ressenti ça auparavant. lui avouai-je en déposant mes deux mains gantées sur ses deux joues, essoufflée.

    _ Tu es tellement craquante les joues rouges et les yeux brillants d’excitation comme un enfant qui vient de découvrir un trésor…j’ai bien dû mal à me contenir de t’embrasser. répondit-t-il d’un air très sérieux ce qui me fit rire.

    _ Eh bien, qu’attends-tu? C’est-ce que je désire par-dessus tout! m’écriai-je en lui sautant au cou, espiègle.

    _ Je ne vais pas me faire prier, demoiselle! » lança-t-il, avec humour.

    Il répondit à mon invite tout en me faisant tournoyer dans les airs, sous cet abri à l’insu des regards. Ce manège fut ponctuer de rires et de nombreux baisers…

    Bien plus tard, nous retournâmes à l’intérieur se mettre au chaud et on se promena dans l’hôpital ensemble, nos mains l’une et l’autre scellées. Malgré moi, je voulais voir les visages des nouveaux bébés à la nursery et en me retrouvant à nouveau devant la paroi vitrée qui montraient une douzaine de bébés, mon cœur se serra. Edward derrière moi s’avança et m’entoura de ses bras, les mains posées prudemment sur mon ventre. Les yeux rivaient sur les bébés, il me chuchota contre l’oreille :

    _ « Ils sont fascinants non? Je suis sûre que tu ferais une mère merveilleuse..je t’imagine bien enceinte…tu serais si belle. »

    A ces propos, une larme glissa lentement sur ma joue et pour ne pas me trahir, je me lovais d’avantage contre lui mes mains sur ses bras. Je ne pouvais pas le regarder donc je regardais devant moi afin qu’il ne remarque pas ma tristesse et mon désarroi. Soudainement ses bras se resserrèrent autour de ma taille, enfouissant sa tête dans mes cheveux, il fut parcouru de frisson…ou bien serait-ce un tremblement? Je n’osais lui demander ce qui se passer de peur que mes émotions ne se reflètent dans ma voix. Il me serra désespérément, le visage enfoui dans mes cheveux respirant mon odeur. Un silence s’établit puis Edward échappa ces quelques mots :

    _ « Ne me quitte pas! ».

    Mes mains commencèrent à trembler alors je serrais plus fort ses bras afin de me donner du courage. Mon avenir était incertain…chaque jour approchait à mon déclin. Je ne savais toujours pas comment lui dire…il me reste temps à découvrir! Je voudrais vivre, faire des études, avoir un travail, me marier et avoir des enfants. Mais ce bonheur m’étais arraché de force, je ne partagerais jamais ça avec Edward. On resta immobile l’un contre l’autre, figés et prisonniers par le temps qui nous oppriment.

    *

    *              *

    Cinq jours plus tard, j’étais toujours au même point…

    Edward n’était toujours pas au courant ce qui contrariaient mes parents qui ne souhaitaient pas lui cacher la vérité. Nous étions le 30 janvier…Mon amoureux dormait paisiblement contre moi quand je fus réveiller. Sa respiration était lente, ses cheveux en bataille et quelque plis obscurcissaient ses traits…même dans le sommeil, il semblait torturer. D’une main, je caressais l’arcade de ses sourcils ce qui détendit subitement ses traits. Je regardais le réveil, il indiquait 6h du matin alors tranquillement je m’échappais de l’emprise de ses bras et je me levais sans faire le moindre bruit. Cela faisait un moment que je n’avais pas guéri des patients trop obnubilé par Edward. Il était temps que je reprenne les choses en main. J’enfilais mon peignoir et partit en douce de la chambre. Au bout d’un moment, Edward se réveilla alerte regardant autour de lui puis il se ressouvint qu’il était dans ma chambre. Il me chercha d’une main quand il rencontra le vide…Ces sourcils se froncèrent puis il se redressa essayant de se rappeler de ce dont il avait rêvé.

    Ce souvenir lui était vaguement familier…un jour où il avait été voir un proche de ses parents à l’hôpital. Il avait aperçu quelque chose…mais quoi???

    Cela le tracassait, il était à deux doigts de savoir une chose essentielle…il était à côté d’une découverte. Ce dont il était certain c’est que ce qu’il avait vu dans l’enfance avait dû le traumatiser…cela n’avait rien de rassurant au contraire. Il poussa un soupir et se demanda par la suite où je pouvais bien être. Puis il se rembrunit en devinant la raison de mon absence. D’un geste nerveux, il écarta le drap et s’assit, pensif. Comment vivre ça?? Fallait-il attendre?? Son regard se porta sur la petite commode à demi ouverte et intrigué, il y jeta un œil…

    *

    *             *

     Deux heures s’étaient écoulés depuis que j’avais quitté la chambre. Je me suis beaucoup attardée et ça m’a mit beaucoup de temps…puis entre temps, j’avais fini une partie de l’heure dans les toilettes. J’avais peur du retard que j’avais pris et j’avais peur qu’il ne remarque ma disparition. Essoufflée, j’ouvris délicatement la porte et je risquais un coup d’œil à l’intérieur. Edward était réveillé, je me retins d’échapper un soupir nerveux. Il était de dos, immobile face à la fenêtre à contempler je-ne-sais-quoi. Je refermais la porte derrière moi, indiquant que j’étais rentré mais il ne se retourna pas…ni pour me sourire ni pour s’assurer que je vais bien. J’eus comme un grand malaise quand je m’aperçus qu’il ne me disait rien. Hésitante, j’attendais patiemment sans trop savoir quoi faire puis il se retourna brusquement. Ses yeux ne reflétaient aucune douceur mais plutôt de la douleur, son visage était pâle et il n’y avait pas l’ombre d’un sourire. Il me regarda d’un air accusateur, comme s’il se sentait trahi. Soudain je compris…il tenait dans une main une feuille où il y avait un graphique désignant le stade dans lequel j’étais et les commentaires du médecin révélant mes symptômes. Mon regard fixa le tiroir à présent grand ouvert, malheureuse.

    _ « Tu m’as menti! s’écria-t-il, furieux en balançant la feuille sur le lit.

    _ Edward…

    _ Tu comptais me dire quand que tu étais condamné? Non je devrais plutôt dire…que tu allais mourir? …Au dernier moment!!

    _ Ecoute Edward…j’ai essayé mais je n’y arrivais pas. Comment aurais-tu voulu que je te dise ce que tu ne voulais par-dessus tout pas entendre? J’en n’avais pas le courage même avec Beth.

    _ Il fallait seulement dire la vérité! Tes parents ont dû penser quoi!? J’ai été bête…pourquoi tu me fais ça?

    _ Si tu penses que ce n’est pas aussi dur pour moi!! lui reprochai-je, attristé.

    _ Tu l’as apprit après que tu as sauvé Beth c’est ça? ».

    Il vit ses soupçons se confirmer en me voyant pâle.

    _ «  C’est ça qui a déclenché le processus d’accélération? Bon sang!!! Pourquoi a-t-il fallu que le destin est fait un choix entre ma meilleure amie et la fille que j’aime? s’exclama Edward d’un œil hagard, les mains dans ses cheveux.

    _ Edward, je t’en prie…suppliai-je, abattue.

    _ Il faut que je sors sinon je vais faire une bêtise! dit-il en se déplaçant rapidement vers la sortie.

    _ Attends! disais-je en le retenant.

    _ Alisea, laisse moi tranquille…j’ai besoin d’être seul. » me coupa-t-il sèchement d’un regard indifférent dans mon élan, me laissant seule à la porte de ma chambre.

    Les larmes coulèrent abondamment aveuglant mon visage triste et pâle. Voilà maintenant c’était trop tard. Jamais il ne me le pardonnera…jamais…mon champ de vision vacilla pour n’être plus que dans la pénombre…les ténèbres sont prêts à m’accueillir, ils m’attendent avec impatience.

    La sentence a sonné…

    A suivre…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Kiba-chan
    Vendredi 8 Mai 2009 à 18:35
    Ptdr...me tape pas lol...je ne veux surtout pas que mes histoires se finissent mal >_<.
    2
    miss lovely1 Profil de miss lovely1
    Dimanche 10 Mai 2009 à 20:09
    Ptdr...me tape pas lol...je ne veux surtout pas que mes histoires se finissent mal >_<.
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