•  

    Entre rêve et réalité, j’entendis dans mon sommeil agité de nombreuses voix répétées « élue, élue… » ainsi que des voix très lointaines en écho à ceux là…

    _ « Comment va-t-elle? questionna une voix particulièrement féminine.

    _ Elle dort en ce moment…ça a été très éprouvant pour elle, elle va avoir des bleus et des courbatures. répondit une voix familière.

    _ Hum…Au faite, mon père et mon oncle sont revenus de la chasse! Tu vas pouvoir les rencontrer.

    _ Ok…( souriant ) rassurez de les voir revenir en un seul morceau Cristina?

    _ Ouais c’est sûr!… ».

    Je commençai à grimacer en bougeant et ceci interrompit cette échange. J’ouvris péniblement les yeux, surprise par l’obscurité de cet endroit qui mettait inconnu. J’étais installé dans une petite pièce…il y avait un ordinateur, une chaise à roulette, un bureau et un canapé dans lequel j’étais. Je me redressais péniblement et un élancement surgit au niveau de ma gorge. J’avais des difficultés à déglutir et mes membres étaient douloureux…mes mains dans les cheveux, je sentis monter en moi une peur incontrôlable quand soudain une porte à demi entrebâillée s’ouvrit doucement et une silhouette fit son entrée. Elle alluma une petite lampe qui rendit l’endroit plus rassurant et puis s’assit en face de moi sur la chaise. Je relève les yeux et j’aperçus un Shawn, pensif.

    _ « Je me disais bien que j’avais entendu quelque chose…est-ce que tout va bien? Tu dois être en état de choc mais ne t’inquiète pas, tu es en sécurité ici. Tu sais où on est?? » m’interrogea-t-il gentiment.

    Je regarde plus nettement le lieu et tout s’éclaira dans ma tête.

    _ « On est dans la pièce réservée au personnel de la bibliothèque…c’est ça? demandai-je, recouvrant la parole.

    _ Oui…est-ce que tu te rappelles de ce qui s’est passé hier?

    _ … ».

    A ces mots, des images resurgissaient de mon esprit de manière violente…tour à tour suggestive et d’une très grande clarté. Je mis ma main à ma gorge face un souvenir très marquant. Shawn suivit mon geste d’un air compatissant, je cherchais du regard une glace ou un miroir autour de moi afin de savoir si ce que j’avais vécu c’était réellement réalisé. Sur le bureau, il y avait un miroir de poche et avant que le stagiaire intercepte mon geste, je me mis à inspecter mon cou avec l’objet. Avec effarement, je vis nettement la marque violacée d’une main dessus. Une larme coula sur ma joue et délicatement, Shawn me retira le petit miroir des mains.

    _ « C’était bien vrai…murmurai-je à moi-même.

    _ …Oui. Tu as fait la rencontre de Maria la folle hystérique…la bibliothèque à l’époque était un institut psychiatrique, celle-ci fut des cas les plus graves et de celle qui resta toute sa vie enfermée dedans jusqu’à sa mort. raconta-t-il sérieusement, les coudes appuyés sur ces genoux.

    _ Comment…comment…vous savez…?

    _ Euh…j’ai fait des recherches dans les archives sur internet par curiosité…euh pendant que vous…que tu dormais. commenta-il.

    _ C’était…c’était son fantôme? déglutis-je.

    _ Oui, hélas cela existe…elle vivait cachée dans les décombres jusqu’à maintenant…

    _ Pourquoi en est-elle sortie? Pourquoi moi?! m’exclamai-je.

    _ Je ne sais pas…tu n’as pas une idée? Est-ce qu’il t’est arrivé des choses étranges dernièrement… » annonça-t-il en me regardant droit dans les yeux.

    A nouveau le souvenir d’un évènement passé…le géant à cornes, la mystérieuse panthère et ses nombreux rêves sans queue ni tête.

    _ « J’ai été confronté à une créature assez impressionnante il y a quelque temps…j’ai été sauvé par…par une panthère, je pensais seulement avoir fait un mauvais rêve comme ceux que je fais depuis peu…mais à croire que non…lui avouai-je.

    _ Une panthère? ( indifférent )…bizarre en effet. Et cette créature? demanda-t-il.

    _ Cela paraît tout bonnement incroyable…un géant à cornes, il s’en est prit à moi sans raison et ces rêves où des voix n’arrêtent pas de me dire « élue » comme ce fantôme…

    _ …Tu es donc l’élue… ».

    Je le regarde sans comprendre.

    _ « Tu ne connais pas la prophétie?…eh bien, tous les 500 ans une élue à l’approche de sa majorité reçoit un don de Dieu afin de rééquilibrer le monde assailli par le mal. Il refait surface peu à peu des profondeurs dès que son pouvoir se développe…attiré par elle. Cela te parle?

    _ …( pâle ). Pourquoi moi? Ce genre de chose ne met pas destiner…

    _ Cela a été programmer dès ta naissance…c’est quelque chose que tu ne peux choisir…il t’est donné de droit. C’est un héritage des anciennes élues qui sont passées avant toi.

    _ Comment êtes-vous si bien renseigné sur cette histoire?

    _ Flywer est réputé pour ses nombreuses légendes…elle a ce côté inquiétant, indéchiffrable. Je me renseigne toujours sur la ville où on va me former. Je suis très curieux sur tout ce qui se rapporte à l’étrange…dit Shawn, tranquillement.

    _ Moi pas…on s’est trompé, je ne peux être l’élue…

    _ Tu as réussi à détruire un fantôme par un simple état psychique…tu t’es évanoui mais tu as réussi à le battre…

    _ Les cafards…murmurai-je alors en me rappelant l’accident en S.V.T et à ce que m’avait dit Rebecca.

    _ …( il me regardait d’un air inquiet ). Est-ce que ça va?

    _ J’ai besoin de réfléchir, besoin d’être seule…

    _ D’accord…tu peux rester autant que tu le veux ici. Mr Durant a contacté ton oncle grâce aux coordonnées que tu avais laissé pour l’emprunt…il lui a dit que tu avais perdu connaissance sans aller dans les détails. Il lui a informé que tu étais ici, d’ailleurs il est passé car il était très soucieux mais il n’a pas eu le cœur à te réveiller. Donc il t’a confié à nous…bon ( pensif )…je vais te laisser méditée au calme. Je vais m’occuper en attendant…repose toi. »

    Sur ces mots, il quitta la pièce et me laissa face à mes inquiétudes.

    _ « Bon sang, que vais-je faire? » pensai-je en me recroquevillant.

    *

     *               *

     Vers midi…à la cantine

     _ « Mais où est Lucienda?? Pourquoi ne répond-t-elle pas à mes messages? se tracassa Abby.

    _ Ecoute, ça fait pareil avec moi ( en regardant son portable )…à mon avis, elle a eu un soucis avec son oncle ou elle est peut être malade comme un chien clouée au lit. Attendons la fin de la journée, ma douce. rassura Benjamin.

    _ D’accord… » murmura-t-elle en serrant l’une de ses mains tendrement.

    Suite à cette échange, leurs regards se posèrent sur les allées et venues des autres et aperçurent la nouvelle de la classe à Lucienda, seule, qui les scruta de loin à la recherche de quelque chose…A peine est-elle apparue, qu’elle partit sous les interrogations de nos deux amoureux.

    *

     *               *

     Dans les couloirs…

     _ « Bizarre…pourquoi n’est-elle pas là? » pensa Rebecca, pressentant un léger malaise.

    Subitement, un son très familier refit son apparition de manière soutenue et plus aigue qu’auparavant. Elle chercha où celui-ci pouvait la guider mais l’écho dans les couloirs brouillaient les pistes et étant l’une des seules à l’entendre, cela ne l’aida pas beaucoup ce qui la frustra. Pas loin de là où elle se tenait, Drew était occupé à faire des photocopies dans la salle du club de journalisme. Interpellé par ce son, il tendit l’oreille et devant ses yeux surgissaient un voile d’un blanc immaculé très familier. Il ferma les yeux rapidement afin de le cacher aux autres, laissant les images se propageaient dans sa tête tel un film en accéléré.

    _ « Bon sang…ça grouille de partout… » murmura-t-il, inquiet face à ses effrayantes visions.

    Dans la réserve du personnel de la bibliothèque du lycée, je pris l’initiative de sortir pour prendre un peu l’air car le confinement commençait à me peser. A ce moment là, personne ne se tenait à l’accueil et je sortis par l’accoudoir du bureau comme ci de rien n’était. Il n’y avait pas grande foule mais assez pour que Mr Durant et Shawn soient très pris à mon humble avis. Tout en sortant de la pièce, je remis au passage mon manteau et mon sac tout en cachant mon cou par le col. En me dirigeant vers l’entrée, un son désagréable et oh combien persistant arracha mes tympans et de mes deux mains, je bouchais mes oreilles en gémissant.

    _ « …ça n’arrêtera donc jamais… » pensai-je douloureusement.

    Une main se posa sur mon épaule avec douceur et je me retournais instantanément vers cette personne.

    _ « Lucienda?? Est-ce que ça va?? Mais que fais-tu là? Pourquoi n’étais-tu pas allé en cours ce matin? Tu étais malade? J’me suis inquiétée…s’exclama une Rebecca, plus anxieuse que jamais.

    _ Je…je…c’est long à expliquer…vraiment…euh t’inquiète pas, je compte seulement prendre l’air et même rentrer chez moi tu vois car là je suis pas en état de travailler…bafouillai-je en mettant une de mes mains à mon cou.

    _ Quoi?!…il t’est arrivé quelque chose hier…c’est ça?

    _ Euh…( après hésitation, je lui montrais discrètement la marque que j’avais au cou )

    _ Bon sang…mais qui t’a fait ça??!!!

    _ Je crois que j’attire le danger malgré moi…je ne suis pas ce que je prétendais être…je crois que tu as eu raison sur moi depuis le début. Je suis un danger pour les autres et ce que j’ai appris par la suite sur cette situation ne m’enchante pas…j’ai besoin de faire le point Rebecca et pour cela j’aimerais être seule encore un moment. Cela ne t’embête pas si je rattrape prochainement les cours sur toi ?

    _ Non bien sûr…

    _ Merci…bon je vais rentrer…salut. répondis-je tel un fantôme, mes pensées assaillies par la crainte.

    _ Salut… » dit-elle, hésitante.

    Face à ce dernier échange, Shawn qui renseignait un groupe de lycéen au passage remarqua de loin son départ d’un air nostalgique.

    *

     *                *

    Maison Delphy

     Suite à mon retour, mon tuteur m’avait laissé un message au cas où je rentrerais plus tôt aujourd’hui m’indiquant que si j’avais faim, il y avait tout ce que je voulais dans le frigo. Cela m’arracha un léger sourire face à ce geste si peu commun et maladroit de la part de mon oncle. Tant d’intention…mon après midi se résuma à flemmarder sur mon lit à penser à tout et à rien, à ma situation, à la découverte d’une autre réalité …je regarde mes mains d’un air presque insistant, cherchant le comment du pourquoi de l’origine de ce pouvoir non désiré. Je poussais un soupir à fendre l’âme, ne sachant comment me dépêtrer de cette étrange destinée. Je fermais les yeux et laissais mon esprit vagabonder…j’entendis quelque chose tomber à côté de moi et je rouvris instantanément mes yeux, alerte. Mon regard se porta vers l’origine du vacarme et je pus constater qu’un tas de feuilles était tomber de mon bureau…sûrement à cause du vent étant donné que j’avais un peu entrebâillé la fenêtre de ma chambre. Donc avec lenteur, je me relevais et ramassais soigneusement le tas qui figurait par terre. En les regardant de plus près, je fus surprise de constater des dessins d’enfants…

    _ « Mais d’où ça vient ça? Aucun souvenir d’avoir mis ces dessins sur mon bureau… » murmurai-je, interdite.

    Un par un, je les examinais avec attention. Sur cette dizaine de dessins, la plupart m’interpellait…une impression de déjà vu. Sur un dessin en particulier, une petite fille était dessinée et avait sur son épaule une petite chose poilue toute noire, autour d’elle il y avait plein de gribouillis incompréhensible. Je la regarde tout en fouillant dans ma mémoire à quelle moment j’avais pu faire ce dessin mais rien du tout…c’était le vide intégral. Il n’y avait pas de date ni de signature donc je ne pouvais même pas être sûr d’être l’auteur de ces œuvres et pourtant…pourquoi cela me semblait si familier. Sur un autre, il y avait une famille…les parents étaient vêtus d’une grande cape sombre et la même fillette du premier dessin était à l’écart les regardant de loin, encerclée dans un halo de lumière tandis que le reste de la feuille était à nouveau dans un gribouillis. Le crayon avait été fort appuyer contre la feuille dans tous les endroits. Ensuite il y avait des esquisses de la petite chose poilue et des formes étranges en gribouillage presque inquiétante. Je me sentais soudain un peu troublé comme si une force invisible cherchait à se frayer un passage dans ma tête. Péniblement, je frottais mes tympans tout en me ressaisissant. Je les reposais sur mon bureau et m’en éloignais quand j’entendis des pas dans l’entrée…

    _ « Lucienda? interpella une voix de ténor.

    _ Oui, je suis là mon oncle…annonçai-je en descendant le retrouver et en le serrant délicatement contre moi pour le rassurer.

    _ Tu…tu vas mieux? demanda-t-il, anxieux.

    _ Oui…ça va…dis-je en remontant légèrement le chandail que j’avais mis il y a peu de temps.

    _ Bon…euh…as-tu une idée de ce que tu veux manger? lança-t-il pour changer de sujet.

    _ On peut manger des restes ou une pizza comme tu veux…vu l’heure. constatai-je en regardant ma montre qui indiquait à présent 20h30.

    _ Va pour la pizza…tu veux bien t’en occuper?? J’ai des affaires à ranger… » répondit-il, ailleurs.

    Sur ces mots, j’acquiesçais de la tête et j’allais m’affairer dans la cuisine. Sans me douter de quelque chose, mon oncle me regarda partir d’un air pensif. Il repensait à ce qui s’était passé la veille suite à l’appel du bibliothécaire au lycée…

    * Flash back *

     _ « Où est ma nièce? s’inquiéta-t-il en arrivant à pas rapide dans la bibliothèque très peu éclairé.

    _ Calmez vous, monsieur Delphy…elle va bien, elle s’est simplement évanouie suite à peu être trop de fatigue…rassura Emile encore vêtu de son imperméable qui l’attendait à l’entrée.

    _ Puis-je la voir? ( inquiet )

    _ Mais sûrement…elle dort à présent dans la pièce réservée au personnel. Mon stagiaire Shawn veille en ce moment sur elle…» dit-il en l’entraînant vers cet endroit.

    Effectivement un jeune homme brun était à côté d’elle dû moins la surveiller tout en faisant des recherches sur le PC. Il s’arrêta en nous voyant et scruta la jeune fille blottie dans un plaid d’un air indéchiffrable que cela m’interpella.

    _ « Comment? Qui l’a ramené ici? questionna-t-il.

    _ Shawn était à la bibliothèque municipale à faire des recherches pour moi ainsi que des commandes quand il y a eu une panne d’électricité dans l’établissement. Les gérants ont fournit des lampes torches aux visiteurs notamment à mon stagiaire mais ils ne se sont pas aperçus de votre nièce qui était installée plus à l’écart. Shawn a fait un tour afin de voir si tout le monde avait le nécessaire et il la retrouvait par terre dans les pommes. Donc il m’a appelé, l'a emmené ici et on a décidé de vous contacter…comme nous savions qu’elle était une de nos adhérentes au lycée. argumenta-t-il en réajustant ses lunettes sur son nez.

    _ Ma nièce a toujours été en bonne santé à part quelque rhume et la varicelle quand elle était petite…elle ne s’est jamais évanouie…

    _ Il y a un début à tout monsieur Delphy…déclara Mr Durant, très sérieusement.

    _ Je…je ne vous crois pas. C’est temps çi, il y a des choses qui clochent je le sens. Je tiens une quincaillerie et pas mal de gens parlent…le vent est entrain de tourner et j’ai remarqué que Lucienda était très agitée dernièrement par quelque chose…j’ai retrouvé même un peu de sang sur son maillot un jour…

    _ Monsieur Delphy…( calme )

    _ Ma nièce n’est pas comme les autres, n’est-ce pas? murmura-t-il sous la surprise des deux autres personnes.

    _ …Non en effet…elle est très spéciale et elle est aussi importante pour Flywer…admit Emile, sérieux.

    _ Ah…bien, je le savais ( souriant doucement )…vous prendrez bien soin d’elle alors? Vous me le promettez…quoiqu’il arrive? Je peux compter sur vous? annonça le vieil homme, sérieux.

    _ Oui, je vous le promets monsieur. intervint le jeune homme brun sincèrement sous un Emile muet.

    _ Je sais que près de moi, il n’y a pas de problème mais là dehors quand je suis au travail et qu’elle est au lycée et livrée à elle-même jusqu’à dès 20h le soir…je ne peux m’empêcher de me soucier pour elle. Alors prenez soin d’elle et protégez-la de tous les dangers des à-côtés…

    _ Je me porte garant monsieur Delphy…rajouta le stagiaire, très sérieux.

    _ Vous pouvez compter sur nous…nous la surveillerons de très près. déclara le bibliothécaire.

    _ Euh d’accord…il vaut mieux qu’elle ne sache que le nécessaire pour cette échange alors.

    _ Nous lui informerons seulement que vous vous êtes déplacés pour voir si elle va bien et que vous n’avez pas eu le cœur de la réveiller. reprit Emile.

    _ Oui c’est mieux ainsi… » termina-t-il d’un simple signe de tête.

     

    * Fin du flash back *

     

     _ « C’est prêt! » lança une voix douce.

    Suite à ce souvenir, il se reprit et alla la rejoindre.

     A suivre…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Une semaine s’est écoulée depuis…laissant planer ainsi l’amertume, la surprise et l’incompréhension au sein de l’équipe entière. Nous étions dans le gymnase de Freemay dans l’un des anciens locaux inutilisé à l’étage dont certains servaient à ranger divers matériaux. Il y avait en effet dans un petit coin de la salle de sport, un escalier d’une vingtaine de marche qui menait à des pièces de rangement ou de dépôt. Les filles et moi avions commencé à aménager notre future vestiaire, certains dépoussiéraient tandis que d’autres déplaçaient des meubles et objets en aucun lien avec le sport. Nous étions dessus depuis une bonne heure, les cheveux attachés ou bien recouverts par un bandana, le front en sueur. Par dessus le marché, les casiers étaient sales, il a fallu les nettoyer et les repeindre. Stella avait quelques tâches rouges par ci par là sur son visage et Livia rigolait gentiment d’avoir mis par surprise de la peinture sur la joue d’une Roxane consternée. Stella se plaignit de la tâche et se dirigea vers le seul lavabo que nous ayons. A ma gauche, Charlotte balayait tranquillement avec les écouteurs de son MP3 aux oreilles. Pour aujourd’hui, nous étions suspendues d’entraînement à titre de « déménagement », le groupe des garçons pendant ce temps travaillait les échauffements à répétition. L’avantage par rapport à eux c’est que notre vestiaire était plus spacieuse que la leur et le résultat n’en fut que concluant.

    _ « Fiouuu!!!! lâcha Livia.

    _ Enfin terminer…dit Stella d’un ton réjoui en contemplant le local propre.

    _ Oui c’est sûre…répondis-je, le regard lointain.

    _ Charlie…lança Stella, sous les yeux inquiets des autres filles.

    _ Hum…je survivrais…je présume…à ça. On…on ne va pas baisser les bras!! » repris-je en dissimulant de mon mieux ma peine.

    *

     *              *

     Les garçons étaient au taqué dans l’échauffement intensif du coach tandis que les poms pom girl préparaient leur future chorégraphie. Mathéo était concentré dans son effort, un pli sur le front. La chef des Poms pom girl le remarqua tout en supervisant des figures. Elle grimaça d’un air amer et posa son regard au loin sur les locaux à l’étage. L’un des figurants Ben s’arrêta suite à un ordre du coach qui veillait à côté, lui demanda quelque chose et le joueur pensif sortit en courant suivant le chemin du regard porté par Estelle juste à l’instant sous le silence pesant du groupe. Il gravit les escaliers de quatre en quatre…discrètement Estelle s’éloigna, suivit de près par Barbara et Peggy sans que les filles de leur groupe ne le remarquent.

    *

     *              *

     _ « Il faut en parler, Charlie…on n’a besoin d’être rassurée, ton rôle est important…débuta Stella, hésitante qui ne fut pas dupe de l’attitude de sa meilleure amie d’enfance.

    _ Important?! ( incrédule ) …en quoi? C’est un handicap, je suis ce que je n’aurais jamais souhaité être…un boulet. fis-je, sérieuse.

    _ Mais non que dis-tu là??! ( exaspérée ) Ta fonction pèse dans le jeu, il ne peut pas prendre de décision sans toi …vous êtes deux…OK, tu es Co-capitaine et lui Capitaine de l’équipe mais ce n’est pas pour autant que la terre va s’arrêter de tourner! s’exclama-t-elle.

    _ Charlie…ce n’est pas le titre en soi qui fait de la personne un bon capitaine. Tu avais toutes tes chances de l’être comme lui de ne pas l’être. Qu’importe…le résultat seul compte. Vous êtes en duo et tu dois t’y faire malgré tout! Faisons en sorte d’arranger les choses… » déclara une Charlotte amicalement en posant une main rassurante sur son épaule gauche.

    Je mis à réfléchir sur ce point et je reconnus qu’elle n’avait pas tort. Je sais que je n’ai pas obtenu le titre que j’espérais, celui qui me caractérisait jusqu’à maintenant mais sans moi il ne peut avancer. Je suis à la fois le maillon faible et le maillon fort. C’était la seule solution pour qu’il y est un juste milieu. Au fond, il est aussi dégouté que moi…pourtant je suis malgré tout à son niveau et ma voix compte à son grand déplaisir.

    _ « Oui, dis comme ça… souriais-je, amusée en fixant le groupe d’un air entendu.

    _ Bon je vais ranger ces vieux cartons dans un autre local… » décréta alors Charlotte, joyeuse en désignant deux grands cartons à moitié rempli.

    Elle sortit du vestiaire les cheveux ébouriffés de bonne humeur, deux cartons immenses en main et se dirigea vers le deuxième local. Sortant de celui-ci justement, un Benjamin avec 5 plots de couleurs différentes et ils se stoppèrent en se voyant. Les cartons à bras le corps, le front couvert de poussières, Charlotte le regarda ne sachant comment réagir, intimidée. Quand à Ben, il était figé face à cette rencontre inattendue. Ce qui le poussa à répondre c’est la timidité qui se reflétait dans ses yeux marrons et la bonne humeur qu’elle communiquait malgré elle.

    _ « Bonjour…répondit-il, poliment et il vit son visage se fendre en un sourire amical.

    _ Bonjour. ( ravie de cet acte de sympathie )

    _ Ce…ce n’est pas trop lourd? questionna-t-il, observant son chargement.

    _ Euh…non, ça va. J’assure. dit-elle, confiante.

    _ Ah…euh tant mieux alors. Euh…bon…je dois y aller…salut. dit-il, d’un air hésitant.

    _ …salut » lança-t-elle, quelque peu étonnée par ce qui venait de se passer.

    *

     *               *

     Entre temps les trois filles s’étaient cachées à la suite de l’entrée de Benjamin dans ce local. Elles étaient dans le local situé entre celui des vestiaires des joueuses et celui dont Ben sortit. Tapies derrière la porte fermée, elles écoutèrent avec intérêt l’échange entre celui-ci et une fille.

    _ « Cette voix me dit quelque chose…murmura Peggy.

    _ C’est la blonde aux cheveux bouclés jusqu’aux épaules. Tu sais la fille super calme et qui rassure son équipe…avec sa voix super douce. constata immédiatement Barbara.

    _ Ouais.

    _ Pourquoi Kekklan lui a-t-il adressé la parole…aberrant. ajouta Estelle.

    _ Ah il s’en va d’après ce qu’il vient de dire…dit Peggy, aux aguets.

    _ Il faut empêcher que les gars sympathisent avec elles…il faut trouver quelque chose et vite. Avez-vous des suggestions les filles?? demanda la blonde élancée.

    _ Une bonne grosse humeur…hum ce serait amusant…proposa Barbara d’un air machiavélique.

    _ De quel genre?? répondit Peggy, souriante.

    _ Je ne sais pas…mais je vais trouver rapidement. Si cela vous intéresse bien sûr…

    _ Oui on prend! Généralement tes idées sont géniales. admit Estelle, d’un ton neutre.

    _ Oh c’est vrai? C’est gentil…annonça la jeune fille aux cheveux bruns courts bouclés.

    _ Ah…euh…ce n’est pas tout le temps que je te dirais ce genre de chose… ( d’un air indéchiffrable )

    _ Ouais je sais mais tu l’as dit au moins une fois et ça me fait plaisir. Je te trouverais un truc énorme pour les faire craquer.

    _ Tu crois que les gars vont facilement les apprécier? » questionna Peggy, pensive.

    *

     *               *

     Benjamin descendit tranquillement les escaliers quand il vit face à lui un Jeronimo surpris, suivit par Tango. Le garçon aux cheveux courts noirs était immobile face à lui tandis que son meilleur pote jugeait la situation d’un œil attentif.

    _ «  J’y crois pas…( dans un murmure ) tu fraternises avec l’ennemi? dit-il, incrédule.

    _ Je n’ai été que poli, je ne fais que suivre l’enseignement de ma mère…Ne va pas en faire toute une montagne! coupa Ben net, tout en descendant les marches comme si de rien n’était.

    _ Tango mon frère, il faut faire quelque chose sinon ces filles vont être définitivement dans notre équipe. commença-t-il, tout en montant.

    _ Ouais mais quoi?! répondit-il, pensif.

    _ Il faut faire…

    _ …ce qu’on fait le mieux! s’exclama l’autre d’un air entendu.

    _ Il faut les idées maintenant…annonça Jero, en lui faisant un signe du pouce.

    _ Clair!…mais…le capitaine, il ne va…

    _ T’inquiètes…si notre plan est discret, on ne saura pas que c’est nous…il faut juste faire en sorte qu’elles quittent l’équipe de leur plein gré…suite à des contrariétés. ajouta-t-il, en riant ironiquement.

    _ T’es un beau salaud toi! ria son compère.

    _ Et ouais, le meilleur d’autant! » se vanta-t-il.

    Tango se racla bruyamment la gorge.

    _ « …avec toi bien sûr! se reprit-il, confus.

    _ Hum, j’allais dire…en tout cas cela risque d’être fun. Il faut prévenir Jaz…

    _ …et Néo…on voit ça après l’entrainement, OK?

    _ Sans problème! renchérit le super speedy du groupe.

    _ Dès la semaine prochaine, ces demoiselles risquent d’avoir une sacrément bonne surprise. assura-t-il, en souriant.

    _ Bon allons cherché les ballons maintenant! décréta Tango, le regard lumineux.

    _ Ouais! ».

    *

     *               *

    _ « J’en reviens pas! rigola Barbara.

    _ Super! Je me doutais qu’ils mettraient leur grain de sel…le jeux va être très intéressant. répondit la blonde glaciale.

    _ Elles vont tomber tuiles sur tuiles…» ajouta Peggy, amusé.

    Toujours dans le même local, elles n’ont pas eu le temps de sortir qu’elles ont entendu des voix se rapprocher de l’escalier. Quelle ne fut pas leur étonnement quand elles ont vu Jero et Tango prévoir un plan machiavélique pour ces filles.

    _ « Elles vont comprendre leur douleur! dit dangereusement Estelle, une lueur mesquine dans la prunelle de ses yeux tout en songeant particulièrement à la Co-capitaine.

    _ Elles vont vivre l’enfer! annonça Barbara en souriant.

    _ Elles vont pas tenir c’est assurer! Notre victoire est déjà faite! positiva Peggy.

    _ Il n’y a pu personne…sortons et retournons rejoindre les autres…murmura Estelle après un coup d’œil hors de la sortie.

    _ Avec ces deux plans…chuchota Barbara.

    _ Elles ne feront plus le poids! » termina la capitaine des Poms pom girl, d’un air amusé envers ses coéquipières puis s’éclipsèrent rapidement.

    A côté, les filles ayant terminer parlèrent de tout et de rien entre elles. Charlotte bizarrement ne fit pas mentionner l’échange banal qu’elle avait eu avec Benjamin et donc resta à écouter les autres. Roxanne était silencieuse tandis que Stella racontait de nombreuses péripéties à une Livia, mort de rire. Charlie parla un peu avec eux puis elle laissa son esprit vagabonder.

    _ « C’est bizarre…j’ai comme l’impression qu’il va se passer quelque chose. J’ai un mauvais pressentiment…» pensa-t-elle subitement, ne sachant comment décrire cette sensation.

     

    Que vont-ils réserver aux filles??

    Sauront-elles faire face ou baisseront-elles les bras?

    Vous le découvrirez dans le prochain chapitre, deux parties prévues!

     

    A suivre…


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